Si la ville d’Amboise est dotée d’un château royal très célèbre, elle mérite également qu’on s’y attarde pour une autre demeure : le château du Clos Lucé, particulièrement connu pour avoir été la dernière résidence de Léonard de Vinci. Bien sûr, l’artiste et inventeur n’a été que l’un des nombreux occupants du manoir du Cloux, mais les lieux ont avant tout conservé l’esprit Renaissance et la thématique développée par les gestionnaires du château est bel et bien l’univers du maître italien. Il n’en reste pas moins que la bâtisse, restaurée dès les années 1960, renferme quelques pièces joliment aménagées et est entourée d’un parc et d’un jardin qui valent à eux seuls le détour.
L’intérieur du château
On commence la visite en empruntant la galerie reliant la tour de guet au corps de logis. Ces éléments constituent les dernières traces de l’époque où le Clos Lucé était une demeure fortifiée (le chastelet du Cloux), au XIe siècle. En 1471, le maître d’hostel du roi Louis XI l’acquiert et lui donne sa forme actuelle : le chemin de ronde devient alors une galerie, sorte de loge à l’italienne, qui donne aujourd’hui sur le parc et le bâtiment de briques roses.
On pénètre ensuite dans le bâtiment, pour entrer dans la chambre de Léonard. C’est de là, paraît-il, qu’il aimait à contempler le château de son ami François Ier. Je ne sais pas si l’anecdote est avérée, mais il est certain que la vue sur le château d’Amboise est imprenable. En contrebas, on aperçoit également un petit jardin :
Au premier étage se trouvent donc la chambre de Léonard de Vinci, ainsi que celle de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier. En effet, dès 1490, le château est acquis par Charles VIII pour devenir demeure royale et résidence d’été des rois de France. C’est ensuite là que Louise de Savoie réside et élève ses deux enfants, Marguerite (femme de lettres et future reine de Navarre) et François d’Angoulême, tous deux sensibles aux idées de l’Humanisme et de la Renaissance italienne. Devenu roi, François Ier invite Léonard de Vinci à s’installer au Clos Lucé en 1516. Âgé de 64 ans, le vieil homme accepte et traverse les Alpes, avec dans ses malles, les plus célèbres de ses œuvres comme la Joconde, la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne et le saint Jean-Baptiste qu’il achève en France.
De Vinci vit trois années au château, peignant et travaillant à mille projets, avant de rendre l’âme. Dans la chambre, une reproduction du tableau d’Ingres représentant sa mort dans les bras de François Ier (une légende) est même accrochée à côté d’un lit Renaissance à baldaquin. Globalement, l’aménagement des deux chambres est plutôt agréable à l’œil, avec un ensemble de mobilier, tapisseries et objets de la vie quotidienne datant du XVIe siècle.
La visite se poursuit par le rez-de-chaussée, où Charles VIII avait fait édifier une chapelle pour son épouse Anne de Bretagne. Cette dernière pouvait y prier en paix, loin de la cour d’Amboise, pour ses enfants morts en bas âge. Juste à côté, changement radical d’époque : des salons XVIIIe témoignent du temps où la famille d’Amboise régnait sur les lieux, qu’elle a su préserver malgré la Révolution.
Léonard l’inventeur prolifique
Beaucoup de visiteurs se rendent au Clos Lucé pour les maquettes et objets grandeur nature mis au point à partir des croquis de Léonard de Vinci. De fait, si l’intérêt pour cet artiste n’a jamais faibli à travers les siècles, c’est autant en raison de ses œuvres que de ses nombreuses inventions. Mais bien que la légende fasse de Léonard le précurseur de nombreux engins modernes, ses croquis constituent pour beaucoup des améliorations de machines existantes ou, à l’opposé, des études plus théoriques, vouées à rester dans le domaine de l’imaginaire. L’ingénieur et inventeur s’inscrit d’ailleurs dans le courant scientifique de son temps, en entretenant une curiosité élargie ainsi qu’une pensée synthétique et universelle. Ce qui ne l’a pas empêché de produire certaines innovations et perfectionnements remarquables, tout en étant l’un des premiers à s’intéresser à des inventions cruciales pour son époque, comme l’imprimerie.
Au sous-sol du château, les quatre salles sont dédiées à l’exposition de 40 maquettes, réalisées par IBM à partir des dessins de Léonard, et construites avec des matériaux « de l’époque ». Char d’assaut, bateau à aubes, machine volante, parachute, pont tournant, bouée, flotteurs, canons… les centres d’intérêt de l’inventeur étaient pour le moins variés.
Après les maquettes, les réalisations grandeur nature. Dans le parc du château, de nombreuses inventions du penseur italien sont mises en scène… et à tester !
Le parc et le jardin
Léonard de Vinci s’intéressait beaucoup à la Nature et aux aménagements paysagers. Dans le parc et dans le « Jardin de Léonard », plusieurs paysages sont « reconstitués » ou créés à partir de croquis, dessins et tableaux, pour lesquels l’artiste s’est appuyé sur ses nombreuses observations des plantes et paysages naturels. Je ne peux mesurer l’étendue et l’exactitude de ces reconstitutions, mais je dois avouer que ces agencements et plantations forment un très bel et harmonieux ensemble, tout à fait propice aux flâneries et à l’observation, en toute quiétude.
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